Histoire de Marie

On me donne début juin, la collection des photos de famille de Marie. Bonheur et impression étrange de me trouver en possession de la mémoire d'une famille que je ne connais pas. Je sais seulement qu'elle était fille d'immigrés espagnols (Majorque, Soller) et que ses parents tenaient rue Sadi Carnot, une épicerie "Le Jardin d'Espagne" .
J'ai publié une première photo, et tous mes amis se sont mis à écrire...
Alors ce blog où l'histoire de Marie s'écrit (s'invente) petit à petit... au fil des commentaires, des messages
.
Un grand bazar ...
work in progress,

B. Chaix (juin 2010)

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Générique de fin
(avant un autre projet, certainement)


Merci à tous les amis auteurs, ce fut une belle histoire.
François a écrit un bel adieu à Marie . Je n'écrirais pas plus.

Marie , la vraie, est décédée l'an dernier, le 31 mars.

B Chaix (26 mars 2011)

samedi 26 mars 2011

Générique de fin

Les fiançailles, 1945,  Marie heureuse.
Ils sont tous là.
Même Klostro, arrivé à l'improviste, le matin même.

L'adieu à Marie, roman photo.

L’adieu à Marie. Roman photo.
— I —
lisez cette lettre comme on écoute une chanson, petite fille vous dansiez, trois petites notes de musique, tout un hiver je vous ai cherchée, sous les arcades, dans les bistrots, vous m’aviez dit que vous viendriez, nous nous sommes manqués, il me reste à écrire ce que vous avez été, le chemin que nous avons fait ensemble, je suis venu vous dire que je m’en vais,



je pense, ce matin, à nos récits l’été dernier, nous glissions en pente douce, en bande, comme à vingt ans, d’image en image,  d’où nous connaissions-nous ? Vinika, Béatrice et Brigitte, parfois Nicole, Yannick et moi, qui d’autre encore ? votre jeunesse avait chassé la mélancolie d’une saison fade, j’avais aperçu votre image une fois et vous aviez fait votre maison entre nos bras, avez-vous su que nous vous aimions, chaque jour nous vous cherchions et, vous retrouvant, nous nous trouvions les uns les autres, vous étiez le point sensible, la tache au bord de l’encrier,

on connaissait vos yeux, vos robes Vichy, vos cheveux noirs, votre voix, on vous entendait chanter, j’ai rendez-vous avec vous, on vous voyait au bord du Rhône, à Istanbul, sur une plage du Nord ou à Lisbonne, vous étiez parmi nous, pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre, comme dit le poète sous absinthe, vous circuliez d’un rêve à l’autre, parfois l’un de nous voulait vous retenir, installait son histoire,  mais vous vous échappiez, et cette fois-ci, je vous ai perdue pour de bon,



— II —
il fallait aller au bout, fermer les volets, adieu la maison et ses verticales, laisser passer le temps, emprunter votre histoire, je vous ai suivie, c’était tellement simple, une image, un reflet, on reviendrait, une parenthèse, inventer notre vie en inventant la votre, vous existiez, vous vous cachiez, il fallait faire vite, le présent était sombre, je vous entendais rire, vous étiez si présente, venez avec moi, nous allons nous y retrouver, 

on s’embarque : on se perd dans le temps, dans les blés, cette image de vous couchée dans l’herbe avec qui ? votre sœur, votre amie, vous êtes allongée, la nature vous berce chaudement, la nature, et si c’était chez elle qu’il fallait vous chercher, vous vous effacez, pour ne plus jamais reparaitre, perdue dans le paysage, ajoncs drus poussant vers le haut, mousses florales retombant en grappe pour vous happer-cacher, happy catcher in the rye, 



un jour, j’ai suivi une femme, elle était comme vous, elle marchait vite, oh c’était vous, un souvenir de la province depuis longtemps oubliée, un écho lointain des fêtes de la jeunesse, quelque chose en vous de Nerval, les vieilles chansons, une forme d’innocence que nous avons rêvée, le fil tendu à vos chevilles, je l’ai suivi en scope et noir et blanc,

—III—
ou bien c’est une histoire, l’arrivée dans un port du sud, une histoire policière, les services secrets, vous êtes embarquée, on ne vous retrouvera pas, vous vous rappelez : vous avez été un roman historique, pas toujours assez dynamique à mon goût, il aurait fallu des enlèvements,  des évènements, une poursuite, je ne sais, trois hommes en noir vous repèrent  dès votre arrivée, 

sur une photo du vieux port : on vous voit, depuis la fenêtre de l’hôtel, je suis venu pour vous sauver, vous arracher au temps et à la solitude, mais chut, personne ne le sait, pas même vous, vous marchez sur la plage, les trois Parques là-bas s’occupent de vous mais la lutte sera sans merci, vous ne savez toujours rien, innocente vraiment,

et puis à un moment je me mettrai à courir, les trois frères Park, n’auront même pas le temps de démarrer, d’enfiler leurs chaussettes, leurs chaussures, leurs pantalons, personne n’a peur de Virginia Woolf, je cours plus vite, je suis tout proche, dans mes bras dans mes bras Marie, quand tu t'en vas, tous mes soleils se cachent et mon ciel s'obscurcit les ombres font des taches sur les murs de mes nuits allez Marie, cours avec moi


— IV —
le passeur, haletant, on les a bien eus Marie, hein on les a bien eus, c’est comme ça que je le voyais ce roman historique, des maquis du Vercors aux années d’après-guerre, une fuite jusqu’à nous, et nous étions là pour recueillir le dernier souffle de cette longue histoire, il fallait faire vite, très vite en bateau maintenant, ne pas se retourner, surtout ne pas se retourner, c’était pourtant ce que nous faisions tous à vouloir recueillir le secret de chaque image où vous apparaissiez,

mais il ne reste que les images d’où vous avez disparu, c’était sans doute Charon notre passeur, puisqu’à l’arrivée, les Parques vous ont repris, nous avons beau courir, inventer des récits, déchiffrer le secret de vos yeux, tout ceci à la fin fait naufrage, carcasse sombre d’un Titanic à demi submergé, ton passage parmi nos ombres, de la plage on crie,  pendant ce temps l’histoire à des rebonds,

comme dans Tintin quand nous étions enfants, il suffirait d’écrire : « et pendant ce temps là à Bagdad », ou bien à Shanghaï, ou bien à Rio, pour que l’histoire devienne jeu, je préfère cela, nos rendez-vous manqués, et pendant ce temps là vous seriez en mission secrète, passagère clandestine et voilée dans une cité orientale, circulant, de jour, dans un autre dédale,  semant une nouvelle fois vos poursuivants, moi comme les autres, nos récits ne tiennent pas longtemps face à l’inventaire rêvé de vos vies imaginaires,

— V —
ainsi cette prison au-dessus de la mer où l’on vous aurait enfermée une fois,  ah Je voudrais je voudrais je ne sais trop quoi ne plus entendre j'ai peur j'ai peur de toi j'ai peur de moi, la radio poussait la chansonnette, qu’est-ce donc à la fin cette vie que l’on passe à passer, qu’est ce donc la prison à côté de ces pas toujours les mêmes, qu’est-ce donc la prison où l’on n’est pas et où l’on est quand même…

un peu de vent soulève le rideau de capsules de bières ou bien de lanières de plastique coloré, c’est le seuil du magasin, on est en 1963, ne bougez pas c’est pour la photo ne bougez pas, un peu d’air, la lumière tamisée, le filet qui retient tant bien que mal les mouches à l’extérieur, et moi je ne me souviens plus qui je suis, fumant tranquillement une cigarette, étendu sous la moustiquaire, je devine, j’imagine

les tueurs sur la plage auraient commencé leur ballet, FLN, OAS, FBI, GEPEOU, SECURITAT, cette fois-ci c’est vous qui les verriez venir, il est grand temps, levons l’ancre nous avons fait des tours de monde, généalogies bizarres et enchevêtrées, fuyant l’histoire faute de pouvoir la faire, ainsi cette affaire d’Algérie années soixante où l’on vous a vue, dans nos fictions d’été, quand l’hiver fut venu, je ne vous reconnaissais plus, vous étiez notre enfance les bavardages autour du cimetière, des échos mal compris de la radio, la rumeur de nos pères, une guerre, une autre


    V I —
on irait bien consulter la Pythie, quel oracle confondant les époques pourrait raconter  la suite de votre vie achevée ? peu importe, on inventera ce qu’on ne peut pas savoir, la Pythie c’était moi calculant sous les étoiles le meilleur itinéraire possible pour une vie dont nous avions su l’achèvement et dont chaque photo présentait un carrefour possible, que disait-elle, la Pythie, de ce qu’il advint de la vieille femme alors qu’en robe vichy ou gabardine claire elle n’était pas encore la vieille dame qui venait de s’éteindre

sidérants espions qui venus du futur scrutent en embuscade les possibles, armés de leurs seules mains nues, claviers, écrans, déclics, nostalgie de l’avant d’où ils viennent,  encore un effort arma virumque cano, étouffantes mémoires, étouffantes cultures, savoirs infimes et pourtant étouffants, je chante la beauté du monde avant ma naissance, CLIC la violente beauté je suis là pour la dire CLIC pas le temps CLIC de guerre seulement CLIC saisir la douceur des gestes CLIC donner un peu CLIC d’immobilité à ce CLIC

et puis on s’efface, all I do is dream of you, japon aujourd’hui, où nous nous retrouvons, après l’Algérie, Macao, Lisbonne et peut-être Barcelone, vous baissez la tête, nous parlons de la jeunesse, des personnages qui l’habitent, nous rêvons ensemble en noir et blanc, la salle de classe un moment reconstituée, les prénoms qui reviennent, le passé par bribe, nos histoires confondues dans l’Histoire, nous avons pris de la distance me dites-vous

on regarde tourner les carpes prises au piège de la lenteur, vous riez, c’est Kostro dites-vous, nous l’avons aimé, pas vous ? il n’a pas pas su finir, les poissons circulent dans la vase qu’un rayon de soleil éclaire faiblement, c’est ainsi, dites-vous, nous sommes toujours là, je vous vois Ferdinand, vous vous trompez, vous croyez vous battre pour quelque chose mais vous ne faites que passer, Kostro est là aussi, il croit qu’il a gagné ou bien qu’il a perdu, il tourne en rond, pris dans la vase,

mais tout cela n’a pas de sens, il faudrait retrouver le calme, sortir de l’histoire, c’est ce que j’ai fait, aurons-nous une autre chance ? tous ces recommencements que vous m’avez offerts l’été dernier, tous ces départs, tous ces ailleurs, vous m’avez dispersée, vous et les autres, ai-je rien été d’autre que vous même ? c’est Marie qui parle, j’en suis sûr, et j’écris sous sa dictée, ce jour où le japon inquiète, il faudrait s’allonger une ligne claire, un but, le silence

au lieu de quoi, dit-elle, ce ne sont que lambeaux et papiers arrachés, aux murs de vos chambres, je ne veux plus vous voir, je ne veux plus que vous parliez de moi, laissez moi finir, en finir, Marie est encore près de moi, la tête penchée vers la mare où voyagent les poissons magnifiques, chaque écaille emporte un message, on s’habitue au temps passé, on regarde le sillon tracé par chaque vibration, une bulle, une paille, la remontée soudaine d’une nageoire, tout cela émerge et puis s’éteint,


dans le miroir, votre image persiste elle aussi, il faut faire un effort, se frotter les yeux pour la faire apparaître ou bien pour la gommer, la photo s’anime, vous n’êtes jamais partie, je ne reviendrai pas, fragments de corps, détails, morceaux, lambeaux, ellipses, mirages, voilà ce que c’est la photo, tu es content maintenant, on approche de la fenêtre, vous l’ouvrez, c’est vous qui parlez,

mon Dieu ramenez moi dans ma belle enfance, quartier Saint François, au bassin du roi., mon Dieu rendez-moi un peu d'innocence, et l'odeur des quais quand il faisait froid, faites moi revoir les neiges exquises, la chanson de Margaret, la ronde des gosses autour de l’église, savez-vous ce que c’est qu’une enfance, les lessives à la fontaine, la rue le linge qu’on étend d’une fenêtre à l’autre dans les passages étroits et sans lumière,  oublie-moi Ferdinand, je t’en prie,
                 
laisse moi vivre ma mort en vacances, j’ai essayé le monde avec vous, j’ai fait ce que vous vouliez, l’aventure est finie, ni Margaret, ni Marguerite, ni Madeleine,  ne revivront les années 50 et 60, ou bien toi seul laisse moi, ne te retourne pas, je vais écouter Kostro, le Tage est pareil à ma peine. Il s'écoule et ne tarit pas. Quand donc finira la semaine le Tibre le Rhône l’Ebre le Bosphore le Scamandre pareils à ma peine, où s’en iront mes cheveux et mes mains feuilles de l’automne, où s’en iront vos aveux, vos histoires, vos tentatives pour                 


— VII —

échapper aux griffes du temps, les  sœurs Parker, les logeuses, frappent à la porte, on vous attend depuis longtemps Marie, vous ne pouvez pas rester ici,  le tavernier mal aimable avec sa gueule de cochon,  tout se ligue un moment, on fait comme si, on joue dans ce sens l’adieu à Marie, moi qui sais des lais pour les reines, je ne vous retiens plus, vous vous échappez, et vous  nous laissez avec nos rêves et le monde vaste où nous voulions vous installer de Shanghaï à Bangkok, Nantes, Rotterdam, Göttingen, tout comme à Ostende,

Hier encore 
on avait vingt ans 
on caressait le temps et jouait de la vie comme on joue de l'amour on vivait la nuit sans compter sur les jours hier encore on vivait une époque étrange, il fallait courir vite, s’échapper ou gagner, jeter des  pierres sur l’ennemi, résister les mains nues, hier encore ou presque, dans ce dernier voyage je choisis de vous accompagner, Marie, il n’y a plus d’après

— VIII —
vous êtes une enfant désormais, je vous prends par la main, dans mes bras, ce n’est plus vos vingt ans que vous revivez, c’est bien avant, l’indistincte arrivée dans les images, on voyagera longtemps, mais plus personne ne vous poursuivra, je vous conduis où vous devez aller, 

la route serpente, à travers les collines, la fin est celle d’un film que nous avons aimé, la voiture roule à toute allure vers les champs, la ferme, l’espace ouvert où vivent les chevaux, Sterling Hayden, blessé à mort, retrouve les prairies de son enfance, il sort de voiture, caresse l’encolure des chevaux, nous roulons vous et moi en silence pour une fois,

la lumière est celle du crépuscule, vous ne serez pas seule au rendez-vous, voilà, c’est bientôt, la maison où vous avez grandi, le pâturage autour, les agneaux, regardez tout est encore comme hier, d’ici on voit le Veymont, le Pic de Bure, l’Aigoual ou les cimes de l’Atlas, peu importe, c’est filmé dans le Vermont, les panoramiques sur la route et ses bas-côtés alternent avec les visages de la vieille dame et de son chauffeur…


regardez voici la ferme, il fait très froid, il a neigé, nous faisons quelques pas, je soutiens votre marche sur le chemin verglacé, le voyage s’arrête ici, les autres nous rejoignent, Vinika descend de son 4x4, Brigitte est venue avec Nicole et Nathalie, Beatrice est arrivée depuis la veille, nous guidons la vieille dame dans sa maison, vous auriez aimé connaître mon histoire, dit-elle, une histoire ordinaire, il ne s’est rien passé, une ou deux guerres sans doute, où je n’étais que figurante, nous nous taisons, debout, graves, regardant le soir bleu qui descend sur les monts,

nous allons vous laisser maintenant, lui dis-je, doucement, Marie prend ma main, comme pour me retenir mais c’est pour me libérer, allez-vous en dit-elle, allez Ferdinand, soyez heureux et vous aussi Brigitte, Beatrice et Vinika, Yannick n’est pas  venu, tant pis pour lui. Adieu Nicole, et Nathalie, nous avons bien vécu, j’ai aimé vos histoires, continuez si vous voulez mais la route s’arrête ici, on sort, il pleut maintenant,

Marie reste seule au coin du feu, avec son histoire, avec ses histoires,  on ne se retourne pas, on essaiera d’autres histoires, d’autres histoires de Marie, on racontera Margaret ou Marguerite, Sonia, Julie, ou une autre, on essaiera de raconter les nôtres, nos histoires perdues, nos rendez-vous manqués, notre faculté à échapper à l’Histoire, le moment est venu de disparaître, de fondre chacun son tour dans le blanc de l’écran, ou la feuille de papier, nous pouvons, fantômes tremblants nous aussi, nous effarer doucement pour mieux vous toucher.

François/Ferdinand

 

Générique de fin et remerciements
Dans le désordre :
Colline d’Ardèche,
montagne des Cévennes ou du Vercors,
deux îles grecques,
Salvador de Bahia et Rio de Janeiro,
 Avignon,
Lisbonne,
Ashbourne,
Anduze,
Vauvert,
Cadaquès,
Kyoto,
la grisaille du Sud-ouest,
une bourgade syrienne,
une île du Vanuatu,
ont servi de décor. Toutes les photos ont été retravaillées sur iPhoto.

Si toutes les photos ont été prises par Ferdinand, on peut en dire autant des textes. Tous ont été pris par Ferdinand. Emprunts à lui-même ou à d’autres. Dieu reconnaitra les siens. De mémoire et donc en vrac, au moins merci à
Aragon,
Nerval,
Apollinaire,
Aznavour,
Mac Orlan,
Verlaine,
Virgile,
Barbara,
Gainsbourg
et quelques autres paroliers de paroles,
 cueillies par bribes au détour des radios,
des trains ou des bus.


lundi 21 mars 2011

jeudi 17 mars 2011

Ma-Ri de Fukushima


Elle s'appelait : Ma-Ri, et elle vivait à Fukushima, au printemps 2011.
Ses grands-parents étaient venus vivre là après la fin de la seconde guerre mondiale et avaient quitté la ville ravagée d'Hiroshima. C'était un autre temps.

lundi 14 mars 2011

La Madeleine

Ils tournaient le dos à la mer, marchaient, lentement, c'était Jeanne, Lazare et Marie, celle qu'on appelait la Madeleine. Ils savaient tous que c'était elle l'apôtre des apôtres, l'égale des apôtres. Ils la suivaient, ils l'écoutaient ; elle les soignait, elle chantait de douces paroles qui les endormait. Elle leur donnait le rêve et la vie, elle leur apprenait à être libre. 
Le matin de Pâques elle distribua à tous un oeuf rouge, d'écarlate ou de sang. Un oeuf de fraise sauvage écrasé, d'une main parfumée d'oliban et de myrrhe, et elle partit.
Elle les quitta pour aller dormir encore mille ans, et mille ans de plus , princesse des nuits étoilées, des nuits lointaines. Au coeur d'une grotte de pierre et de sable blancs, elle entra là, dans l'antre secret  des 7 dormants et à jamais, y resta. 


tous les livres de Marie




C'était à l'ombre d'un rêve, au coeur d'un désir de soleil et de silence, parmi les ombres et les danses des bateaux. Un autre port encore. Une escale à peine entrevue, perdue, disparue. Marie était un rêve, une ombre et un silence. Marie aux lèvres d'écume et de sel. Marie aux jambes douces allongées sur le triclinium, face à la mer. Marie et tous les livres qui l'entouraient, noyée dans les livres comme entre mille et une vagues. Marie au pays des merveilles. marie au pays des délices. Marie au soleil ou Marie entre les brouillards, qui se fend comme un arbre, comme un coeur, et se fond, comme une neige ou une cire, au centre du paysage, quelques mots envoyés, une lettre dans un tiroir, un écrit éphémère entre les feuillets d'un missel, un poème recopié sur la page de garde d'un ouvrage ancien. Et même c'est encore elle, Marie des graffitis, rouge comme le vernis sur les ongles des princesses, rouge comme des fruits mûrs: les cerises ou la belle et ronde tomate, Marie des fraises sauvages peut-être... 
Cette photo était celle d' une ombre, Marie avait accrochée sa poupée au plafonnier pour jouer avec les formes. 
Cette photo : Marie en vacances, et l'harmonie entre les corps et les colonnes donnait une force particulière à cet arrêt dans le temps, l'envie d'écrire...
Alors Marie sortait son carnet et son crayon à papier puis elle écrivait jusqu'à ce que tombe le soir. Son amant attendait et s'ennuyait aussi...
Cette photo : Marie à Bourbourg dans la demeure des Coussemaker, de lointains cousins oubliés, perdus de vue, et le graffitis rouge. Hello ! 

samedi 12 mars 2011

Montedidio

Maria veut aller au cinéma, au Lux on passe un film avec Toto. Toto est dans le désert, il crie : "Ce terrible soleil africain" et nous rions. Pourquoi rions nous ?

Erri De L.