Marie s'était penchée le long des berges humides et bleutées de la Cure, dans une ambiance Celtique, d'un Nord devenu légende, où Merlin chevauche les brouillards vespéraux, où Mélusine garde les moutons blancs des Dieux abandonnés, les temples sont détruits, parfois, juste quelques pierres qui parlent ou une rivière qui murmure... Qui pourrait conduire les troupeaux sur la lande sinon la fée verte avec sa flûte et ses longues mains de dame de vigne et d'oxyde. Elle s'était assise au bord de la route et songeait. Tant de jours et tant de nuits écoulées depuis le départ de François. Mais elle le savait : il écrirait, des lettres lourdes de vagues, d'écumes et de sables ,aux écailles de poissons ailés ou de chevelures de sirènes chantantes ; il raconterait, des histoires d'un pays inconnu, des paroles d'enfants perdus dans les eaux, ou de ses rêves oubliés au seuil du matin ; et ce serait ainsi, comme s'il n'était jamais parti si loin.
Tant de portes qui se succèdent, des murs tapissés d'étoiles ou alors de photographies que l'on ne regarde jamais. La maison dort là bas, dans les vrilles des temps qui sont morts maintenant. Désormais, il y a les négatifs dans des boîtes, les films ouverts, les voilés, dévoilés. Désormais, l'image n'est qu'une partie d'un désir, qu'une parcelle d'un écrit jamais écrit ou d'un silence tremblant dans la nuit de l'obscurité. C'est la lumière qui par sa chaleur transforme toute chose en matière vivante. Ouvre ton coeur, les images arrivent, à pleine envolée ; les musiques aussi, écoute le chant du vent, le chant des oiseaux et voit que le temps t'appartient, en ton âme il n'y a ni oubli, ni mort, ni abandon mais la victoire éclatante d'une grande et paisible atteinte de la transparence bleue et de sa fragrance.
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