Histoire de Marie

On me donne début juin, la collection des photos de famille de Marie. Bonheur et impression étrange de me trouver en possession de la mémoire d'une famille que je ne connais pas. Je sais seulement qu'elle était fille d'immigrés espagnols (Majorque, Soller) et que ses parents tenaient rue Sadi Carnot, une épicerie "Le Jardin d'Espagne" .
J'ai publié une première photo, et tous mes amis se sont mis à écrire...
Alors ce blog où l'histoire de Marie s'écrit (s'invente) petit à petit... au fil des commentaires, des messages
.
Un grand bazar ...
work in progress,

B. Chaix (juin 2010)

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Générique de fin
(avant un autre projet, certainement)


Merci à tous les amis auteurs, ce fut une belle histoire.
François a écrit un bel adieu à Marie . Je n'écrirais pas plus.

Marie , la vraie, est décédée l'an dernier, le 31 mars.

B Chaix (26 mars 2011)

vendredi 14 janvier 2011

la photo de Marie.

Comme il est doux pour moi de revoir ce visage de Marie à la fenêtre de son compartiment, juste avant le départ du train. Elle est heureuse, épanouie. Une onde nostalgique baigne son visage mais on trouve en son regard une éclaircie, un désir après l'orage, l'embellie  des nouveaux espoirs... 
Parfums de Paris oubliés, Au loin, Oran la blanche, la coquette, et Léocadie à la porte de son couvent. Les enfants éparpillés dans la cour de l'école sautent et rient, crient aussi. Si loin, les voyages oubliés, les guerres traversées, les traversées infinies, d'un port à un quai... Vie houleuse, vague de vie. 
Comment dire ce qui se découvre ainsi dans cette image retrouvée? Marie perdue, Marie retrouvée ! Dirait François. Marie du silence, Marie du hasard, dans le jardin blessé quelques plumes de l'oiseau mort, une patte de chat dans la neige... 
Marie si petite et le seau de plage, la main de la maman, les vagues qui dansent et rient, le sable sur les pieds encore humides, et le rire de l'été. 
La roue tourne, c'est toujours la nuit dans le songe de l'animal enfermé. Maintenant, les camps sont vides, on s'y promène, on y pense, on se souvient. Yad Vashem. Tant de larmes qui glissent sur les joues, et la pluie enfin qui tombe, lave nos coeurs bouleversés. 

jeudi 13 janvier 2011

mardi 11 janvier 2011

l'heure bleue.




Marie s'était penchée le long des berges humides et bleutées de la Cure, dans une ambiance Celtique, d'un Nord devenu légende, où Merlin chevauche les brouillards vespéraux, où Mélusine garde les moutons blancs des Dieux abandonnés, les temples sont détruits, parfois, juste quelques pierres qui parlent ou une rivière qui murmure... Qui pourrait  conduire les troupeaux sur la lande sinon la fée verte  avec sa flûte et ses longues mains de dame de vigne et d'oxyde. Elle s'était assise au bord de la route et songeait. Tant de jours et tant de nuits écoulées depuis le départ de François. Mais elle le savait : il écrirait, des lettres lourdes de vagues, d'écumes et de sables ,aux écailles de poissons ailés ou de chevelures de sirènes chantantes ;  il raconterait, des histoires d'un pays inconnu, des paroles d'enfants perdus dans les eaux, ou de ses rêves oubliés au seuil du matin ; et ce serait ainsi, comme s'il n'était jamais parti si loin. 
Tant de portes qui se succèdent, des murs tapissés d'étoiles ou alors de photographies que l'on ne regarde jamais. La maison dort là bas, dans les  vrilles des temps qui sont morts maintenant. Désormais, il y a les négatifs dans des boîtes, les films ouverts, les voilés, dévoilés. Désormais, l'image n'est qu'une partie d'un désir, qu'une parcelle d'un écrit jamais écrit ou d'un silence tremblant dans la nuit de l'obscurité. C'est la lumière qui par sa chaleur transforme toute chose en matière vivante. Ouvre ton coeur, les images arrivent, à pleine envolée ; les musiques aussi, écoute le chant du vent, le chant des oiseaux et voit que le temps t'appartient, en ton âme il n'y a ni oubli, ni mort, ni abandon mais la victoire éclatante d'une grande et paisible atteinte de la transparence bleue et de sa fragrance.