Histoire de Marie

On me donne début juin, la collection des photos de famille de Marie. Bonheur et impression étrange de me trouver en possession de la mémoire d'une famille que je ne connais pas. Je sais seulement qu'elle était fille d'immigrés espagnols (Majorque, Soller) et que ses parents tenaient rue Sadi Carnot, une épicerie "Le Jardin d'Espagne" .
J'ai publié une première photo, et tous mes amis se sont mis à écrire...
Alors ce blog où l'histoire de Marie s'écrit (s'invente) petit à petit... au fil des commentaires, des messages
.
Un grand bazar ...
work in progress,

B. Chaix (juin 2010)

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Générique de fin
(avant un autre projet, certainement)


Merci à tous les amis auteurs, ce fut une belle histoire.
François a écrit un bel adieu à Marie . Je n'écrirais pas plus.

Marie , la vraie, est décédée l'an dernier, le 31 mars.

B Chaix (26 mars 2011)

samedi 19 juin 2010

# 3 Klostro

7 commentaires:

  1. De François:

    On l'appelait Kostro. Il ressemblait à un po... Afficher davantageète. Mon beau navire ô ma mémoire, disait-il, avons-nous assez navigué dans une onde mauvaise à boire, avons-nous assez divagué de la belle aube au triste soir ? rengaine, rengaine, on disait, nous. Trop d'alcools ! Joue donc. pose donc tes cartes sur la table. L'insolent soleil nous brûlait les uns et les autres à attendre quoi donc, et à quoi bon, quelles cartes enfin… Lui seul, enturbanné, clownesque, comptait sur ses doigts les syllabes, mesurait à sa façon le cours rythmé du temps. il s'appelait Kostro et il était fâché avec la ponctuation : fallait toujours reprendre les lettres qu'il adressait à Louise, sa petite amie, une nîmoise… On jouait à sa place : il rêvait pour nous tous.

    François

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  2. Kostro parlait trop, mais il causait et nous écoutions. Et puis on lui avait donné... le nom d"un poète russe oublié comme surnom, le hasard a fait que c'est aussi un nom d'origine Polonaise.Nos races se mélangeaient, nous nous aimions dans la paille et dans les sons des complaintes étrangères, c'était le temps de l'abandon, plus rien n'aurait d'importance demain,ou l'importance que nous lui accordions hier. La jeunesse a fuit dans les éclats des mitraillettes, je revois Marguerite à vélo, ses cheveux volants derrière elle, elle était un oiseau léger et libre. Oui, maladroits, et sincères. Parfois, je me dis que c'est la sincérité qui restera la dernière porte à fermer. Après j'entrerai dans l'instant de l'intégrité, je l'espère. Je garde auprès de moi "le vertige " de Guinzbourg, les poèmes de Tsévataïeva et je pense à Roland, mort seul certainement. Qui le saura jamais ? Kostro était poète, il vivait en permanence dans un univers rythmé de vers,de mots, un sourire léger aux lèvres, il ressemble à Loti avec son turban. Mais pas de narghuilé ni de chicha. Seulement des verbes et des lettres et des musiques intérieures. La poèsie est une mélodie ininterrompue qui chante en nous, Kostro nous a transmis le virus. Nous avions un cahier où nous écrivions l'un après l'autre. Un carnet de voyage imaginaire. Un carnet de rêves en poèsie. Le miroir de la vie était dans son regard lorsqu'il se posait sur nous, nous dévoilant à nous même des pans entiers de ce monde inconnu qui se love en notre intériorité. J'ai gardé de cette époque le goût de l'écriture et j'ai toujours un carnet dans ma poche ou dans mon sac avec un stylo. Je note, je prends note.

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  3. De Nicole:

    KOSTRO
    Cet air de regarder en coin , ce bandage quʼil nous jouait turban , cette manie de faire des vers impairs on lʼaimait pas trop. On lʼappelait Kostro , ça allait plus vite et ça nous le rendait plus accessible, faut dire quʼil était jamais très attentif à ce quʼon disait nous autres. Il sʼen allait souvent avant la fin de la partie, au petit matin. Il nous racontait parfois
    ses virées, on savait plus trop de quoi il parlait, il mélangeait tout les ponts, les rues, les gens, et même la tour Eiffel : ça tournait au délire. Mais on les aimait ses visions. Avec elles on oubliait, on sʼoubliait . Parfois, il dessinait des mots. Moi ça me touchait . Et puis il avait du charme , je crois bien quʼil plaisait à François.

    Nicole

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  4. J'ai retrouvé Kostro, il n'a jamais complètement abandonné la poésie, il a fait un peu de cinéma après la guerre, un peu de peinture comme tu le vois ici, sans grand succès je crois. Nicole a raison. Nous avons aimé cet homme passionnément, autant que d'autres l'ont haï. Il était plus facile sans doute de l'oublier com...me nous le faisons chaque jour que de continuer à penser à lui, continuer à l'écouter et à l'aimer comme nous aurions du le faire.

    François

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  5. Kostro ?
    C'est pas lui qui a été assassiné en 75 ? Parce qu'il était poète, homosexuel et communiste ?

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  6. GIOTTO

    L'image du bas, c'est Giotto à l'ouvrage. Le hors champ, c'est la cathédrale de Naples.
    La photo, elle, date de 1971. Seul le cinéma permet cela. Giotto n'est pas en train de boire un café, mais de préparer la couleur. Le regard est droit, intelligent, attentif, fier.
    Cette photo doit être là pour faire contraste avec celle du dessus. Non ? Ou bien alors, elle s'est égarée tardivement dans le paquet, quelqu'un (le démiurge) a t-il cru que c'était une image pieuse ?

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  7. Kostro lhář.....
    Il était tchèque. C'était le père naturel de la petite Michelle. Oh un beau parleur qui faisait le séducteur et tout le monde défaillait, les femmes bien sur, mais aussi les hommes "oh mon ami mon ami". A l'époque j'étais au grand séminaire. En 37, Monique, la mère de Michelle allait épouser Marcel avec qui elle était fiancée depuis deux ans. C'est quand Kostro est réapparu une vingtaine d'année plus tard (il rejoignait les Brigades internationales, c'est ce qu'il disait à Romans, après........Dieu seul le sait....) et qu'il a commencé à tourner autour de Michelle que sa mère a parlé. (Ce qui me turlupine c'est s'il ignorait vraiment qu'il était son vrai père, il me semblait un peu pervers, il jouait avec les gens). Désespérée la petite s'est sauvée avec Oya, le fils de l'épicier. Le pauvre Marcel était mort l'année d'avant, il n'a jamais su.
    Il a disparu à nouveau en 58, avec le scandale. On n'a jamais bien su de quoi il vivait. Ces gens, c'était ma paroisse vous savez.

    Faites voir la photo au bord de la mer, là. Oui, c'était bien des chaussures comme cela, avec des trous, étrangères qu'il portait en 58 quand il est revenu. Alors, c'est bien bizarre, elle est de quand votre photo, là ?

    Père René L.

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