Histoire de Marie

On me donne début juin, la collection des photos de famille de Marie. Bonheur et impression étrange de me trouver en possession de la mémoire d'une famille que je ne connais pas. Je sais seulement qu'elle était fille d'immigrés espagnols (Majorque, Soller) et que ses parents tenaient rue Sadi Carnot, une épicerie "Le Jardin d'Espagne" .
J'ai publié une première photo, et tous mes amis se sont mis à écrire...
Alors ce blog où l'histoire de Marie s'écrit (s'invente) petit à petit... au fil des commentaires, des messages
.
Un grand bazar ...
work in progress,

B. Chaix (juin 2010)

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Générique de fin
(avant un autre projet, certainement)


Merci à tous les amis auteurs, ce fut une belle histoire.
François a écrit un bel adieu à Marie . Je n'écrirais pas plus.

Marie , la vraie, est décédée l'an dernier, le 31 mars.

B Chaix (26 mars 2011)

lundi 9 août 2010

Les carnets de Vinika. Marguerite et son rêve.










Les mois qui suivirent la mort de Kostro, Marguerite était restée très choquée. Elle avait souvent les yeux fixes, dans le lointain, et elle chantonnait le poème : « l’affiche rouge » de  Léo Ferré, que l’on avait entendu lors de l’enterrement de Kostro d’ailleurs. Depuis 1959 Léo Ferré vivait là-bas sur l’île Du Guesclin, non loin de Saint-Malo,  où Marguerite et Kostro lui avaient rendu visite. Il faudrait que je demande à François où l’accident s’est produit et où Kostro a été enterré. C’est vrai j’avais écris dans mon carnet que je n’avais plus rien su de tous. Evidemment ,cela n’était pas vrai. Comment pouvais-je vivre sans rien savoir de mes amis d’enfance, d’études, de lutte et de guerre ?

Marguerite la nuit s’éveillait parfois en pleurant et elle disait « regarde Marie, ils sont là, ils m’attendent, je les vois ».  Marie lui disait qu’elle ne pouvait plus voir, qu’elle était devenue aveugle. Marguerite répliquait en colère : « bien sûr que je les vois, ils sont dans ma tête aussi ! Ils sont habillés en noir, ils me regardent, ils m’attendent, c’est pour ça qu’ils ne bougent pas. J’aurai dû mourir aussi avec Kostro. Oh ! Pourquoi ne suis –je pas morte ce jour-là ? Camus est bien mort, lui aussi ce jour-là ! Ah ! ce jour-là, ce jour-là, pourquoi ? Regarde ! Ils approcheront bientôt ! Mais je ne veux pas aller avec eux, pas maintenant. Ils ne vont pas où je veux aller et cette maison, je ne la connais pas…» Puis elle se calmait, et s’endormait, roulée en boule sur le vieux canapé du salon.

Peu à peu les effets du choc de l’accident s’estompèrent. Elle retrouva le goût de chanter, d’écouter de la musique. Un professeur de Paris devrait certainement l’opérer. Il était possible qu’elle recouvre la vue, du moins, partiellement.

Suivant les indications de Marguerite, Marie réussit à reconstituer la scène que Marguerite voyait la nuit, dans son rêve. C’est François qui en fit la photographie. 

Photographies: collection Yannick Vigouroux. Vinika à Saint-Malo

 

1 commentaire:

  1. Tant de choses se sont passées et si vite ce mois d'août : j'ai manqué d'attention pour ce texte et ces photos de Vinika. Qui a bien sûr remarqué que l'accident de voiture qui a coûté la vie à Kostro et la vue à Marguerite s'est produit le jour même où Camus est mort sur une route de Bourgogne je crois. Ferré vivait à cette époque avec Madeleine. Autre prénom interchangeable avec celui de Marie ou de Marguerite. Pour moi, il ne fait aucun doute que Marguerite et Kostro étaient amants, aucun doute sur le fait que Marguerite restera aveugle, aigrie, malheureuse, elle qui voulait dévorer la vie plus que sa sœur, plus active, plus turbulente que la sage Marie. Mais j'aime cette idée du cinéma intérieur qu'elle se fera tout au long de son existence… Et les reconstitutions sous forme de tableaux vivants par Marie me paraissent à la fois tragiques et loufoques. Vraiment belle belle idée ! bravo Vinika… 

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