Kostro écrivait parfois à Paul, et alors, certains courriers étaient terriblement lourds. Des lettres accablantes de souffrance, accompagnées de photographies. Deux lettres relatent un film tourné sur des lieux de catastrophe. Que Kostro n’arrivait pas à terminer. La Fosse 7 de Mazingarbe, deux morts, janvier 1953 ; La Clarence, de Divion, explosion au petit matin en un jour de repos et de ducasse. Les musiciens continuaient de jouer, le bal n’en finissait pas, c’était la fête, le mois de juin sous les tilleuls en fleurs, les amoureux se promènent, main dans la main, les bistrots encore ouverts, et l’explosion. 4 morts, des blessés. La poussière éclate, vole, détruit, le vent obscur, le feu, incendie ; coup de vent dans la mine, la sirène qui hurle au cœur de la nuit, le grisou qui s’enfuit, le bruit, les larmes, femmes agglutinées, serrées les unes contre les autres, les chapelets égrenés le long des grilles, le service d’ordre, la police, les pompiers. Désastre, peur, attente, chagrin, si profond, déchirure sur le ciel gris des mines. Que cesse ces hécatombes, que cesse l’ouverture des tombes ! N’y a t’il donc pas assez de ces silicosés par centaines, sacrifiés à la politique, à la guerre, toujours du rabiot, allez ! travaillez ! Non, pas de grève ! le boulot ! Et les veuves, noires, aux yeux noirs de cernes et de larmes, les enfants en pauvres tabliers qui remplacent le père, allez ! à la mine ,au fond ! Et les mères joignent les mains, mettent des cierges. « Ah ! Dieu ! Que vive mon enfant ! Tu as déjà pris le père ! » disent elles.
Dans ce tas de lettres de Kostro l’une est émouvante : on y voit en octobre 1952, Jean Marais descendre au fonds numéro 2 de Oignies. Les foules se pressent pour le voir et l’applaudissent.
(photographies : Oignies . Remi Guerrin. )
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire