Juillet 1939.
Aragon entendait et écoutait, il voyait ce que dans nos campagnes nous pressentions sans vraiment le comprendre. Nos amis Espagnols nous encourageaient à lutter, nos amis communistes devenaient une seule voix qui nous donnaient le courage d’être attentifs à ce qui s’annonçait… les familles Polonaises tremblaient et priaient, les églises emplies de femmes en foulard noué sur la tête et agenouillées dans la lumière vacillante des bougies allumées devant la Vierge de Czestochowa.
Aragon écrit en février 1939 un article que Roland nous a lu, un soir ; nous nous taisions, nous pensions aussi à ces réfugiés d’Espagne que le poète avait accueilli à la frontière. 450 000 réfugiés fuyant la guerre civile, abandonnant toute mémoire et toute racine, dans les larmes et le sang. 1er avril 1939, la lutte est terminée… Nous pensions aux pays annexés par l’Allemagne, aux pogroms, aux camps de réfugiés…
« Je dis que nous sommes en guerre, nous autres Français, avec l'Allemagne. Une guerre qui se fait par d'autres moyens, voilà tout. D'une minute à l'autre le recours aux moyens classiques est possible. Une guerre qui dure depuis plus de deux ans, et où d'autres se battent pour nous. Je dis qu'il faut être insensé pour ne pas reconnaître ce fait : nous sommes en état de guerre. Et dans ce moment surtout où d'hypocrites tentures cachent le combat véritable, peut-être plus encore, autrement que de 1914 à 1918, il est nécessaire aux Français de se durcir, et de savoir même être injustes, et de haïr, pour être aptes à résister.
»Aragon. Extrait.
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