
Je m'appelle Augusto. Je suis italien, de Modène. Dans ma famille nous sommes peintres en fresque de père en fils. Celui que vous appelez Kostro, pour nous c'était Cristo. Enfin, nous c'est moi le seul survivant de cette vie, plus que centenaire. Les autres sont tous morts depuis longtemps.
Cristo il était tchèque, je crois. On l'a connu en 58, je travaillais aux Noces de Cana, à Gênes ou à Turin, j'ai oublié. Il crevait de faim, il était en loques, mais de bonne qualité, je me souviens de ses drôles de chaussures à trous. Cet homme il ne disait rien, une énigme. Il venait de France, il avait combattu à Madrid pendant la guerre civile en mars 37, on n'a jamais bien su dans quel camp. On préférait ne pas savoir. On pensait qu'il avait été dans la Légion étrangère française après. Il était à la fois naïf et roué. On buvait pas mal ensemble, surtout mon lambrusco.
Moi, ce qui me plaisait c'est qu'il pouvait rester des jours immobile, en lisant. C'était vraiment un bon modèle pour les fresques. Quand il nous a dit qu'il repartait, j'ai fait des photographies pour terminer le travail.
Augusto F.
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