Histoire de Marie

On me donne début juin, la collection des photos de famille de Marie. Bonheur et impression étrange de me trouver en possession de la mémoire d'une famille que je ne connais pas. Je sais seulement qu'elle était fille d'immigrés espagnols (Majorque, Soller) et que ses parents tenaient rue Sadi Carnot, une épicerie "Le Jardin d'Espagne" .
J'ai publié une première photo, et tous mes amis se sont mis à écrire...
Alors ce blog où l'histoire de Marie s'écrit (s'invente) petit à petit... au fil des commentaires, des messages
.
Un grand bazar ...
work in progress,

B. Chaix (juin 2010)

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Générique de fin
(avant un autre projet, certainement)


Merci à tous les amis auteurs, ce fut une belle histoire.
François a écrit un bel adieu à Marie . Je n'écrirais pas plus.

Marie , la vraie, est décédée l'an dernier, le 31 mars.

B Chaix (26 mars 2011)

mardi 13 juillet 2010

les carnets de Vinika, Roland de ma mémoire.


Le veilleur du phare.

"La vie s'écoule si vite emportant nos désirs, nos erreurs, nos regrets.Nous ne savons pas ce que nous voyons, nous ne savons pas ce que nous faisons.c'est d'après le témoignage bon ou mauvais de ce que nous avons laissé sur la terre que nous serons jugés et pesés dans les balances de l'éternité.' Théophile Briant. 1944.

Il existait une sourde rivalité entre Roland et Kostro, autant l'un était silencieux sauf lorsqu'il était le lecteur ou lorsqu'il chantait, s'accompagnant de sa guitare ;  autant l'autre était bavard, théâtral, orateur de grande classe. Roland disait souvent que c'est grâce à son écoute de Kostro qu'il avait découvert l'art de la plaidoirie et qu'il devenait autre en salle d'audience ; alors il se souvenait des discours de Kostro et savait que sa capacité à parler sans peur dans les tribunaux était  liée à toutes ces années de vagabondage littéraire et philosophique.

 Roland en fait avait une double personnalité, calme et pondéré, silencieux ; puis revêche, révolté, imposant par le Verbe. Des études de droit à l'art de la défense et de l'accusation, jusqu'à l'art de la politique, tout un parcours de Roland que Kostro ne comprenait pas. Kostro vouait sa vie aux scénarios de films, de théâtre, au cinéma et à la photographie, je pense que François, Paul et  Kostro étaient plus proches, entre eux s’était nouée  cette compréhension fraternelle qui les rapprochaient les uns des autres.

Roland et Kostro  avaient été très amis sur les bancs de l'école primaire, écrivant des poèmes, lisant tard dans la nuit. Ils participaient tous deux à des concours poétiques, assez à la mode à l'époque. C'est ainsi qu'ils avaient découvert "le goéland", journal littéraire et poétique de la Tour du Vent, sur la côte de Saint Malo, non loin des rochers de Rothéneuf. Ils avaient été remarqués par le jury et invités en Bretagne.

 Roland et Kostro avaient donc rencontré Théophile Briant à Paramé, peu après la mort accidentelle de son fils Xavier.  Tous les trois s'étaient promenés à Rozven  sur la plage de Colette. La maison perchée en haut de la dune, le petit escalier de bois, les pins et la lande déserte. La mer caressait le sable, des mouettes et des goélands les survolaient. L'ombre de Colette était présente, Théophile Briant parlait de Saint Pol Roux. Le soir, il leur montra les photographies du manoir de Camaret détruit par le feu et des portraits de Divine, la fille du poète martyrisée par les nazis. Un portrait frappa Kostro par sa force : c'était celui de Divine avec son goéland apprivoisé qu'elle avait appelé Héol.

 Puis ils parlèrent longuement de son ami de Saint Benoît sur Loire, le poète Max Jacob qui, lui aussi, sera une victime de la barbarie nazie.

En 1939, Roland recevra une lettre de Théophile lui annonçant la mort de Milosz, l'un de ses poètes préférés,  mort seul et dont on ne parla pas dans la presse. Il lui envoyait un livret de ses  poèmes.

«ce sera comme dans cette vie. Le même jardin,

profond, profond, touffu, obscur. Et vers midi

Des gens se réjouiront d’être là

qui ne sont jamais connus et qui savent

Les uns et les autres que ceci : qu’il faudra s’habiller

comme pour une fête et aller dans la nuit

des disparus, tout seul, sans amour et sans lampe.

ce sera tout à fait comme dans cette vie… » Milosz. 2 Mars 1939.

De 1940 à 1942, le journal ne paraîtra pas.

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