
"Ami, entends tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines..."
"Ici l’on rit, l’on pleure, ici l’on vit, l’on meurt à la manière des légendes, gens de terre et gens de mer, et c’est toujours semaine puisque sans cesse on peine,..." Saint Pol Roux.
J'avais rêvé de la disparition de Roland en URSS. Je me demande pourquoi ce rêve était devenu pour moi comme une réalité, l'aimais-je encore après tant d'années ? Il était si impulsif qu'il n'aurait pas dû rester là-bas, dans le Caucase, si longtemps. Il est revenu brisé, trop déçu de ce qu'il avait découvert, vu, entendu... Puis il a repris le courant de la lutte en poésie. Toujours le culte d'Aragon... Aragon qui écrivait aussi en 56 sa désolation face à la répression totalitariste communiste. Je me souviens de Roland, de sa guitare et de sa voix basse et profonde, Roland de la musique de mon âme ; "le chant des partisans" demeure en moi comme un écho. Je me souviens aussi de sa colère le jour de la signature du pacte germano-soviétique. Un jour, il était revenu de Paris avec des feuillets clandestins, c'était "le silence de la mer" de Vercors... Il finissait ses études de droit, devenait un brillant avocat, admirait Jean Moulin. Il préférait pourtant marcher dans la montagne plutôt que de plaider ! Alors, il écrivait. Travaillait pour des journaux. Il n'aimait pas parler, oui, François se souvient de cela. Roland parlait peu, il lisait à voix haute, il chantait, mais il était parcimonieux de ses mots. Il aimait Saint Pol Roux. Je me disais" non, je ne l'ai jamais revu"," non, je n'ai jamais plus rien su de vous tous” , je voulais ne jamais le revoir, ne jamais rien savoir", mais je savais, j'avais des nouvelles, et puis sa soeur était mon amie d'enfance...
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