Oran, en ce mois de février 1953
Mon bien cher Kostro, te souviens-tu de ce 12 novembre 52, comme nous nous retrouvions avec joie et par hasard rue de la gare d’Orsay ? Ici, les paysans disent que le hasard, c’est « ce qui vient de Dieu ». Eh !Bien, je veux bien le croire ! Il y a si longtemps que l’on ne s’était vu ! Ce jour-là je n’ai pas réussi à joindre Roland, je ne l’ai retrouvé que plus tard, à Paris, et cette fois ci dans son bureau au ministère des Affaires étrangères. Quel caractère trempé et ferme ! Il arrive toujours à ses fins !
Nous voici installés ici, dans cette ville magnifique que l’on appelle « la radieuse ». Les nuits sont effervescentes et emplies d’étoiles. Une ambiance mauresque se ressent dans ces rues et au bord du port. Figure toi ! Comme c’est bien étrange, Maria m’a envoyé l’adresse d’une lointaine cousine à elle, venue des Baléares avec ses parents et installée à Oran depuis son enfance. Nous avons sympathisé, ainsi, Marguerite se sent moins seule. Ses parents tiennent une bijouterie, son père est horloger et sa mère répare aussi les bijoux. Elle s’appelle Rafaëla.
Marguerite a son poste à l’école Montplaisant. Et j’ai eu la chance avant mon départ d’apprendre que j’étais nommé à l’hôpital d’Oran, suite au décès d’un confrère, la fameuse grippe Espagnole et ses conséquences ! Donc je ne devrai pas attendre aux ponts et chaussées en surveillant les constructions des immeubles et de routes. C’est aussi grâce à mon diplôme de médecine coloniale. Nous avons déjà un peu voyagé dans le pays. Je t’envoie quelques images qui te plairont peut-être, du moins, je le souhaite. Tu devrais venir, ici les dunes sont longues et belles, les nuits magiques, Andalouses, les femmes splendides, et la vie bien agréable. Je te souhaite une bonne santé et du bonheur, ainsi qu’à Kristina,
Dans l’attente de tes nouvelles, ton vieil ami Paul.
PS : tu verras la vue de Marseille au départ du paquebot, le Koutoubia.
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